Interdits dans les eaux australiennes et chiliennes pour préserver la biodiversité marine, des chalutiers géants ont fait irruption dans la Manche, il y a quelques jours, provoquant la colère des pêcheurs anglais et français. Avec des capacités de pêche surdimensionnées, ces pilleurs des mers posent désormais la question de l’impact environnemental dans cet espace maritime qui est déjà l’un des plus fréquentés du globe.
“Ces bateaux de pêche géants ont surpêché dans les eaux européennes et ont dévasté les stocks de poissons dans le Pacifique Sud et en Afrique de l’Ouest”, Greenpeace.
Ils ont de quoi être en colère, les artisans pêcheurs français et anglais, impuissants face à l’arrivée du gigantesque chalutier néerlandais Margiris dans la Manche. Ce bateau usine de plus de 140 mètres de long est en effet capable de pêcher 250 tonnes de poissons… en un seul jour.
“Ce bateau-là pêche en une journée ce qu’un bateau comme nous pêcherait en six mois”, explique un pêcheur cherbourgeois à France 3 Normandie. “Ce qui nous inquiète, c’est l’industrialisation de la pêche. C’est une concurrence déloyale. En France, on a pas les outils pour faire la même pêche qu’eux !”
“Ces bateaux gigantesques n’ont rien à faire là”
Le Margiris n’est évidemment pas le seul chalutier géant à venir s’approvisionner dans cette zone. Pour les syndicats de pêcheurs, l’impact économique est “désastreux. La Manche, il faut la réserver à des artisans, à des côtiers, à des bateaux de taille humaine. Ces bateaux gigantesques n’ont rien à faire là”.
L’impact environnemental est également au cœur du problème. “Ces grands navires usines fonctionnent comme des aspirateurs. Comme ils n’ont aucun discernement, ils raclent les fonds marins et détruisent absolument tout. Même s’ils rejettent une partie de leur pêche à la mer, cette partie est morte. Il n’ y a donc pas de renouvellement possible du fond marin.”
Accusés de décimer les fonds marins
Mais pour les autorités européennes, ces chalutiers n’enfreignent pas la réglementation sur la pêche. Même son de cloche du côté de la société néerlandaise Parlevliet van der Plas, propriétaire du Margiris : “Nos quotas de capture sont dictés par les réglementations gouvernementales et européennes et sont basées sur des avis scientifiques.”
“Nous pêchons sans causer de dommages aux fonds marins et sans perturber le système écologique”, renchérit l’entreprise. De quoi faire bondir les ONG environnementales, qui accusent l’armateur de décimer les fonds marins. Grâce notamment à l’intervention des militants de Greenpeace, le bateau s’est déjà vu interdire d’accès au large de l’Afrique, de l’Australie, du Chili et de l’Irlande.