En ce début du mois d’avril, la ville de Sète rend un vibrant hommage à Agnès Varda, décédée le 29 mars dernier et qui a vécu son adolescence sur notre île singulière. De “La Pointe Courte” aux “Plages d’Agnès”, portrait d’une femme amoureuse des pêcheurs sétois devenue la plus célèbre photographe, réalisatrice et féministe française.
Ce mardi 2 avril, la ville de Sète rend hommage à Agnès Varda, décédée des suites d’un cancer dans la nuit du 28 au 29 dernier à son domicile parisien. La réalisatrice, qui était aussi scénariste, photographe et plasticienne, a été récompensée à de multiples reprises, d’un César d’honneur en 2001 à l’Oscar d’honneur en 2017 en passant par une Palme d’honneur au Festival de Cannes en 2015.
Née le 30 mai 1928 à Ixelles, en Belgique, Agnès Varda découvre la ville de Sète en 1940, quand sa famille vient s’y installer après avoir fui les bombardements allemands sur son pays natal. La jeune fille y passe une partie de son adolescence avant de s’envoler pour Paris, où elle étudiera l’histoire de l’art à l’École du Louvre et la photographie à l’École des beaux-arts.
“Tout le nouveau cinéma est en germe dans La Pointe courte”
Rien d’étonnant alors à ce que notre île singulière ait profondément marqué l’œuvre de cette icône de la Nouvelle vague devenue figure du cinéma mondial. En 1954, elle tourne avec les moyens du bord La Pointe courte, son premier long métrage qui se déroule sur les bords de l’étang de Thau, dans ce quartier de pêcheurs typique de la ville. Jouée par Philippe Noiret et Silvia Monfort, cette fiction raconte l’histoire d’un couple qui revient passer quelques jours de vacances au pays natal pour se régénérer.
La critique est alors sous le charme. “Tout le nouveau cinéma est en germe dans La Pointe courte, film d’amateur, tourné en 35 mm, avec des moyens de fortune, hors du circuit économique traditionnel. Chronique néo-réaliste d’un village de pêcheurs et dialogue d’un couple qui fait le point. Toutes les caractéristiques de la jeune école du cinéma se trouvent réunies dans La Pointe courte et Alain Resnais, qui en fut le monteur, n’a jamais caché l’influence que ce film a eu sur lui”, peut-on lire dans la Revue belge du cinéma.
“Si on m’ouvrait, on trouverait des plages”
“Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages”, écrit la réalisatrice. En 2008 paraît Les plages d’Agnès, un autoportrait où les plages de Sète se mêlent à celles de Flandre et dans lequel l’octogénaire remonte le temps pour raconter singulièrement le parcours hors-norme de la plus célèbre photographe, réalisatrice et féministe française.
“Cette ville qui vous a accueillie, alors jeune réfugiée de guerre, vous l’avez magnifiée, de La Pointe Courte aux Plages d’Agnès, au point d’en devenir la plus flamboyante des ambassadrices”, déclare François Commeinhes au moment où les obsèques de l’artiste se déroulent au cimetière du Montparnasse à Paris. Le maire de Sète l’annonce fièrement : “Agnès Varda est une Sétoise de cœur !”
“J’aimais les pêcheurs de Sète”
Durant tout l’après-midi et jusqu’au bout de la nuit, cet hommage intitulé “Merci Agnès !” s’est déroulé dans des lieux emblématiques qui ont inspiré la réalisatrice. De la médiathèque François-Mitterrand au théâtre Molière en passant par le cinéma Comœdia, ce sont des dizaines de films et documentaires qui étaient offerts gratuitement aux Sétois et aux visiteurs.
Cerise sur le gâteau, la Ville de Sète, en partenariat avec le ministère de la Culture et la Région Occitanie, avait même prévu des projections en plein air. 65 ans plus tard, Agnès Varda retrouvait ainsi à titre posthume sa Pointe courte. “J’aimais les pêcheurs de Sète, leurs propos imagés, leur énergie à faire vivre leurs familles”, disait-elle. Ce mardi 2 avril, à la Pointe courte, nul doute que l’amour que portait la réalisatrice aux Sétois était réciproque.
La filmographie d’Agnès Varda
Les longs métrages
1955 : La Pointe courte
1962 : Cléo de 5 à 7
1965 : Le Bonheur
1966 : Les Créatures
1969 : Lions Love
1977 : L’une chante, l’autre pas
1981 : Documenteur
1985 : Sans toit ni loi
1987 : Jane B. par Agnès V.
1987 : Kung-fu Master
1991 : Jacquot de Nantes
1995 : Les Cent et Une Nuits de Simon CinémaLes courts métrages
1957 : Ô saisons, ô châteaux
1958 : L’Opéra-Mouffe
1958 : La Cocotte d’Azur
1961 : Les Fiancés du pont Mac Donald ou (Méfiez-vous des lunettes noires)
1963 : Salut les Cubains
1967 : Oncle Yanco
1975 : Réponses de femmes
1976 : Plaisir d’amour en Iran
1982 : Ulysse
1984 : 7p., cuis., s. de b., … à saisir
1985 : Histoire d’une vieille dame
1986 : T’as de beaux escaliers, tu sais
2003 : Le Lion volatil
2004 : Der ViennaleLes documentaires
1958 : Du côté de la côte
1966 : Elsa la rose
1967 : Loin du Vietnam
1968 : Black Panthers
1975 : Daguerréotypes
1981 : Mur murs
1984 : Les Dites cariatides
1993 : Les demoiselles ont eu 25 ans
1995 : L’Univers de Jacques Demy
2000 : Les Glaneurs et la Glaneuse
2002 : Deux Ans après
2004 : Ydessa, les ours et etc.
2004 : Cinévardaphoto
2005 : Quelques veuves de Noirmoutier
2005 : La Rue Daguerre en 2005
2008 : Les Plages d’Agnès
2017 : Visages, Villages
2019 : Varda par Agnès
Merci pour le très bel article sur une femme et artiste exceptionnelle. 🙂
Merci 🙂