Parfois, le sport prend le pas sur les atrocités de l’Histoire. C’est le cas d’Alfred Nakache, nageur juif et français déporté en 1943 dans l’un des pires camps d’extermination allemands, Auschwitz. Ce champion de France, promis à une carrière internationale, fera cette année son entrée au Swimming Hall of Fame de Fort Lauderdale, panthéon mondial de la natation.
Alfred Nakache, l’ascension d’un sportif
Né le 18 novembre 1915 en Algérie, le jeune Alfred Nakache n’avait au départ aucune ambition de dompter les bassins. Elevé au sein d’une famille juive à Constantine, l’enfant a tout simplement peur de l’eau. Une phobie que le jeune homme va toutefois parvenir à dompter, jusqu’à intégrer la Jeunesse nautique constantinoise au début des années 30.
Dès lors, tout va très vite. Alfred Nakache brille dans les compétitions locales et se qualifie en 1933 pour ses premiers championnats de France de natation. Le jeune homme s’installe à Paris, intègre le Racing Club de France et se prépare pour les Jeux olympiques d’été de 1936, où il s’illustre notamment au relais 4 × 200 nage libre aux côtés de Taris, Cavalero et Talli.
Un athlète juif, victime du racisme
Déjà écarté de certaines compétitions car considéré comme Français né hors du “sol français”, Alfred Nakache doit désormais faire face aux difficultés rencontrées par tous les athlètes juifs. Victime d’injures racistes et antisémites, le nageur se voit contraint de quitter son club parisien. Il effectue alors son service militaire, intègre l’École normale d’éducation physique et se marie le 6 octobre 1937 avec Paule, une professeur de sport elle aussi juive.
C’est la Seconde Guerre mondiale. Et lorsque le maréchal Pétain abdique par multiples décrets, Alfred Nakache se voit déchu de la nationalité française. L’homme s’exile en zone libre dans le sud de la France avec sa femme et sa petite fille. Il rejoint les réseaux de résistances mais n’abandonne pas la natation et intègre les Dauphins du TOEC de Toulouse. En 1942, il remporte cinq titres de champion de France.
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Incroyable le parcours de Nakache. A croire qu’il fallait être un sportif de haut niveau pour espérer se sortir des camps de concentration. Dommage que les jeunes aujourd’hui ne se rendent pas compte de l’horreur de cette guerre !