Nous vous invitons aujourd’hui dans le Grand vortex du Pacifique nord, à la rencontre d’un nouveau continent. Découvert en 1997 par l’océanographe et skipper américain Charles J. Moore, ce septième continent, ou continent de plastique, n’est autre que la plus vaste zone d’ordures de la planète. Une véritable catastrophe écologique provoquée par l’humain et dont celui-ci ne sortira assurément pas indemne.

Carte septième continent

Chaque année, on estime que plus de 275 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits à travers le monde. Parmi ceux-ci, plus de 10 millions sont déversés dans l’océan. Ces déchets sont pour leur grande majorité d’origine terrestre, même si la quantité d’ordures larguées sauvagement par les bateaux n’est pas négligeable.
Il y a aussi les accidents et les naufrages. En 1990, le Hansa Carrier perd ainsi en mer quelque 80 000 chaussures et bottes de la marque Nike. Bercées par les courants marins, celles-ci vont dériver durant trois années des côtes de la Colombie-Britannique à l’État de Washington en passant par l’archipel des îles de Hawaï.

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Une soupe plastique aux dimensions gigantesques

Car il y a les déchets qui finissent par couler… Et il y a ceux qui restent à la surface : 90% sont des plastiques ! Leur durée de vie ? Plusieurs centaines d’années. Leur direction ? Le Grand vortex du Pacifique nord, ou gyre de déchets, une zone assez calme ou se regroupe impunément cette soupe plastique. Le septième continent est né.
Parce qu’il n’est détectable que par bateau, les mensurations de ce nouveau continent restent imprécises. Mais les estimations donnent le vertige. Les océanographes parlent d’une concentration de 334 000 déchets par km2 sur une superficie qui pourrait atteindre 2 000 000 km2, le tout sur une profondeur d’une trentaine de mètres.

Pollution plastique plages

Le septième continent, poubelle de la planète

Deux zones seraient en réalité infectées, des côtes de Californie jusqu’à celles du Japon. Contrairement aux idées reçues, ce continent n’est pas immuable mais offre aux déchets des couloirs de sortie de plusieurs centaines de kilomètres de large qui iraient s’échouer sur les plages sud-américaines, selon des chercheurs chiliens.
Devant l’ampleur du phénomène, les recherches sur zone se multiplient donc depuis quelques années, l’une des plus célèbres étant “l’expédition 7e continent”, mission française effectuée en 2013. Aujourd’hui, tous les scientifiques s’accordent à dire que la taille de ce continent et son impact sur l’environnement ont jusque-là été largement sous-estimés.

Pollution marine

La catastrophe écologique a déjà commencé

En mer, la catastrophe écologique a déjà commencé. La masse de particules plastiques serait six fois supérieure à la masse de zooplancton. En se désagrégeant, ces déchets forme comme une mer de sable composée de produits extrêmement toxiques qui tuent chaque année des milliers d’oiseaux et de mammifères marins. Près de 300 espèces animales seraient concernées.
Quant à l’homme, qui brille par sa mauvaise gestion des déchets plastiques et qui continue de polluer massivement ses océans, il n’est bien sûr pas à l’abri d’être lui-même impacté via la chaîne alimentaire. Certains scientifiques avancent déjà que ce septième continent aurait son rôle à jouer dans la hausse constante des cancers à travers le monde.

Projet pour récolter les déchets en mer

Un projet d’extraction des déchets prévu pour 2018

Le plus alarmant, c’est qu’il semble ne pas y avoir de solution pour contrer le phénomène. De très nombreuses associations ont déjà entrepris de récolter les déchets sur place afin de les recycler. Une goutte d’eau dans un océan de déchets… Et une entreprise périlleuse quand il s’agit de causer le moins de préjudices possibles à la vie marine.
Le remède miracle pourrait toutefois provenir de l’écologiste néerlandais Boyan Slat, créateur du projet The Ocean Cleanup. Le principe consiste à installer des barrières flottantes qui canaliseraient les déchets à la dérive pour les conduire vers une plateforme d’extraction en vue de leur recyclage. Expérimenté en 2017, ce projet devrait être mis en place en 2018.