“Son œil mobile mêle aux éclairs de périls l’eau riante et la danse infidèle des vagues.” Suivant les vers de Paul Valéry, nous sommes partis à la conquête du môle Saint-Louis. Monument emblématique de la côte méditerranéenne, ce phare qui se dresse fièrement à l’entrée du port de la ville de Sète a une bouleversante histoire à nous raconter.
Au gré des vents et des tempêtes
L’histoire du môle Saint-Louis, ouvrage le plus ancien du port de Sète, commence à la fin du XVIIe siècle. A l’extrémité de la digue, un simple fanal – une grosse lanterne destinée à indiquer l’entrée du port aux navigateurs – est mis en place sur un musoir carré.
Emporté par une tempête en 1683, l’ouvrage est reconstruit plus solidement en une tour carrée bâtie sur un musoir arrondi. L’éclairage de signalisation s’effectue alors avec des lampes à huiles. Endommagé par une attaque des navires britanniques, le bâtiment doit être rénové en 1712.
En 1861, c’est un phare de troisième ordre qui est installé sur le môle Saint-Louis. Une tour ronde d’environ 25 mètres de haut est ajoutée à l’édifice et permet de prolonger la portée lumineuse du phare à 15 milles marins. Peu à peu, les lampes à huiles sont remplacées par le pétrole, puis par l’électricité.
Mer contre guerre
Malgré l’édification d’un nouveau phare sur le mont Saint-Clair, au sommet de l’île, le môle Saint-Louis continue de faire la fierté des Sétois jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 12 août 1944, c’est le drame : le phare subit de graves dégâts à la suite d’un violent bombardement.
Le coup de grâce est donné sept jours plus tard par les troupes ennemies. Alors qu’ils évacuent la ville, les Allemands minent la tour carrée et détruisent entièrement le phare. Après avoir guidé les marins durant plus de deux siècles, le môle Saint-Louis est réduit à un amas de ruines.
Dans le chaos, Sète ne laisse pourtant pas tomber ses navires. Un feu provisoire est immédiatement installé au bout de la digue. Celui-ci est positionné sur une structure métallique d’une douzaine de mètres de haut dont le sommet est accessible grâce à une échelle. Un ouvrage de fortune évidemment provisoire.
Le renaissance d’un phare
Dès 1946, les travaux pour construire un nouveau phare débutent. L’idée est de reconstruire le môle Saint-Louis à l’identique. Mais les plans du phare défunt sont perdus. C’est pour cela que le phare que nous admirons aujourd’hui est quelque peu différent de l’original. Il voit le jour au mois de mars 1948.
Hauteur : 25,78 mètres. Mensurations : 6,50 mètres à la base et 4,55 mètres au sommet. La construction du nouveau môle Saint-Louis est confiée à l’entreprise Mazza, qui détient une carrière près de Frontignan. “Là, trente tailleurs de pierre façonnent les éléments d’un gigantesque jeu de construction.”
Dans Sète au travers de son histoire portuaire, les auteurs de la Société d’Etudes Historiques de Sète nous apprennent enfin tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur le môle Saint-Louis sans jamais oser le demander… Et sur 2 297 pierres façonnées à la main, dont aucune ne peut se substituer à une autre.
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Ce phare est magnifique, c’est le monument à ne pas rater à Sète !! Merci pour ma ville 🙂
Très beaux panoramiques, merci. Cette ville est vraiment magnifique!