Dans le port de Sète, les marins pêcheurs ont un lieu de culte : la Chapelle des Pénitents. C’est donc là que Gérard Clément s’est installé pour présenter au public une exposition inédite, intitulée Pêcheurs ! Plébiscité par plusieurs milliers de visiteurs, le photographe revient aujourd’hui en Voies Off du festival d’Arles. Il est à (re) découvrir à l’Hôtel de l’Amphithéâtre durant tout le mois de septembre.

Exposition Photographie MerSi la mer n’est pas un thème récurrent dans l’oeuvre de Gérard Clément, elle semble pourtant bien influente. Au mois de mai, les Sétois ont ainsi pu découvrir l’exposition Pêcheurs, installée dans un lieu qui consacre les marins : la Chapelle des Pénitents. Le succès est immédiat, des milliers de visiteurs se pressant à l’entrée de la chapelle pour admirer ceux qui, contre vents et marées, partent en mer pour ramener un fabuleux trésor.

“J’ai pris la mer sur le chalutier l’Odyssée, de Bernard Di Maio. Il pratique une pêche côtière journalière. Départ à 2 heures du matin pour un retour aux alentours de 17 heures”, raconte le photographe. “L’équipage était composé de cinq hommes, qui étaient d’accord pour être photographiés. J’ai essayé, dans la mesure du possible, de me fondre dans le décor pour éviter de les déranger dans leur activité. J’avais un seul objectif : un zoom de 17-55 mm, qui a servi pour toutes les prises de vue.”

“C’est un métier extrêmement dur”

“Contrairement aux autres reportages réalisés en immersion sur un temps assez long, je n’avais que quelques heures pour faire mes photographies”, explique Gérard Clément. “Les marins dormaient ou travaillaient. Ils n’étaient pas forcément disponibles au dialogue. J’ai découvert un métier extrêmement dur et des hommes passionnés par leur travail.”

Et le résultat est admirable, attrayant et résolument réussi. Sans doute parce l’exposition Pêcheurs n’est pas née inopinément. Deux ans plus tôt, Gérard Clément avait déjà créé l’événement avec MOURRE BLANC !, une exposition pour laquelle il avait séjourné sur l’étang de Thau à la rencontre, cette fois, du métier d’ostréiculteur. “Une démarche volontaire”, selon le photographe qui projette de réaliser un livre avec Romain Vidal, l’ostréiculteur. C’est ce travail de fond qui permet aujourd’hui aux Pêcheurs de s’installer confortablement en Off du festival d’Arles.

Exposition Pêcheurs Sète

Pourquoi l’aventure débute-t-elle à Sète ? “Parce que je suis né dans un port, Oran en Algérie, qui était en communication étroite avec Sète”, me dit Gérard Clément. “Et que cette ville est accueillante et généreuse pour les artistes, contrairement à d’autres villes.” L’auteur commence à se livrer. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un homme au talent indiscutable.

La beauté du corps photographiée

Gérard Clément Photographe“Je suis né au bord de l’eau, dans un port et une période particulièrement troublée, la guerre d’Algérie. Il est logique que ces thèmes soient présents dans mon travail”, explique l’auteur. Il est vrai que les premières expositions de l’artiste ont été consacrées à l’Algérie. Mais comment expliquer cet attrait pour le corps masculin ?
“En tant que photographe, je suis très influencé par le courant humaniste des photographes français. La photographie des corps est chez moi un thème récurrent.”

Gérard Clément confirme ainsi le succès de cette autre exposition : CECI EST MON CORPS !, présentée dans le cadre du FEPN 2017 (Festival européen de la photographie de nu), qui a retenu plus que notre attention. La valse des corps est engagée. Et même s’il n’y aura peut-être plus de mer, Gérard Clément n’est pas en reste de nouveaux projets. “Je prépare un travail sur le corps tatoué, que j’espère présenter, dès l’année prochaine, à Arles.”

© Vivien Brochud