L’homme et la mer est un poème de Charles Baudelaire, qui est considéré comme l’un des plus grands poètes français, bien que son œuvre soit relativement brève si on la compare à d’autres géants du genre, comme Victor Hugo. Né à Paris en 1821, l’auteur des Fleurs du mal est le poète de la modernité. Pour la première fois, la poésie se détache de la morale, dans une recherche du beau et non de la vérité. En résulte des poèmes graves, parfois scandaleux, qui restent empreints d’ailleurs et d’exotisme.
L’homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire (1821-1867)
Extrait de Spleen et idéal, Les Fleurs du mal (1847-1867)
De tous les écrivains et poètes français, Baudelaire est pour moi le plus grand.
Pour tous ceux qui ne connaissent pas, je vous conseille de découvrir, vous serez agréablement… surpris 😉