Repris dans Une Saison en enfer, L’éternité est un poème de 1872 extrait des Vers nouveaux. Arthur Rimbaud est alors amoureux de Paul Verlaine et, après avoir été mis à la porte par sa femme Mathilde, tente de le convaincre de le préférer et de revenir vers lui. Une forme de chantage amoureux où le poète imagine sa propre disparition pour culpabiliser son ami. Entre amours sulfureux et tendances suicidaires, Rimbaud parviendra à ses fins puisque Verlaine, mis au pied du mur, quittera Mathilde dès le mois suivant.
L’éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Ame sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise : enfin.
Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Arthur Rimbaud
Pour moi, l’éternité est l’un des meilleurs poèmes de Rimbaud. Merci.
Court, sensible, efficace : un vrai chef d’oeuvre !
On oublie trop souvent de dire qu’Arthur Rimbaud, qui était très intelligent, pratiquait et enseignait l’Islam !!